Le bar-restaurant "le WHO's" occupe l'espace du 14 rue St Merri au 3-5 rue Pierre au lard dans le IVe. A droite, la halle qui abrite son night-club "de facto", source de toutes les nuisances pour les immeubles environnants (Photos VlM)
Non, le WHO's n'envahit pas de la sorte la rue Pierre au Lard tous les soirs. Mais nous ne connaissons aucun autre établissement dans Paris-centre, à l'exception du COX-Bar 15 rue des Archives (IVe), où de telles occupations de l'espace public se produisent.
Depuis 2011, le riverains regroupés en "collectif Pierre au Lard" dénoncent ses atteintes aux règles d'urbanisme. Ils ont obtenu l'annulation par le Tribunal Administratif d'un permis de construire pour l'extension du bar-restaurant vers l'ancienne galerie d'art du 3-5 rue Pierre au Lard, une construction légère en forme de verrière sur deux niveaux. Le WHO's l'a pourtant aménagé depuis pour en faire un night-club de fait sinon de droit, avec une vocation pour les soirées privées.
Deux hommes vivent dans un logement de l'immeuble social HABITAT qui jouxte le night-club. L'un d'eux est gravement malade et suit un traitement lourd. Ses nuits et celles de son compagnon sont des supplices qui pèsent lourdement sur leur santé. Ils adressent régulièrement et renouvellent les signalisations à la police, sans résultat constaté à ce jour.
le Tribunal de Grande Instance de Paris a été saisi et s'est prononcé en demandant qu'une expertise judiciaire soit conduite. Nous avons déclenché cette expertise. Ses conclusions sont aujourd'hui disponibles. Elles révèlent les nuisances constatées en les objectivant et imposent des modifications importantes dans l'hypothèse où l'exploitation serait poursuivie. Il reste à solliciter et obtenir un jugement au fond.
Une solution amiable a été recherchée sans succès. Bien au contraire, le WHO's n'a rien trouvé de plus provocateur que de prêter sa salle à un night-club du XIe, "Le Gibus", un bar de nuit gay dont le fonctionnement est interdit en cette période de mesures sanitaires pour lutter contre le coronavirus. Qu'à cela ne tienne, il propose désormais ses soirées débridées chez le WHO's.... La vidéo qu'il diffuse en témoigne et révèle l'absence totale de précautions à l'égard de l'épidémie qui manifeste depuis quelques jours et singulièrement à Paris une reprise inquiétante.
Nous sommes à un tournant de l'affaire. Le collectif Pierre au Lard qui regroupe les dizaines de riverains concernés par le comportement inacceptable des propriétaires/exploitants de l'établissement visé tient à aller au bout de la procédure. Elle a déjà couté très cher à ceux qui s'y sont engagés et on sait qu'il va falloir investir davantage.
Notre association, qui réaffirme à cette occasion son attachement au mouvement "Vivre Paris !" et à la protection de la qualité de vie des habitants, s'engage dans la voie de l'effort financier qui lui est demandé. Nous savons que nous pouvons compter sur nos membres bienfaiteurs mais il serait réconfortant pour nous qu'un vaste élan de solidarité se manifeste. Nous publions ci-dessous l'appel dans ce sens du "collectif Pierre au Lard". Il est de l'intérêt de tous les riverains, de tous les habitants de Paris-centre et de Paris en général, d'encourager et de soutenir la mobilisation.
GS
"Chers voisins, chers amis de "Vivre le Marais !" et de "Vivre Paris !"
Si le WHO's, officiellement bar-restaurant, rouvre en principe ses portes le 16 septembre prochain, vous savez que ses locaux ont été prêtés tout l'été à l'établissement "Le Gibus", qui n'avait pas l'autorisation d'exercer son activité de discothèque dans le 11ème arrt ; couverture bien pratique.... Ce détournement de la loi ne nous surprend pas particulièrement, non plus que le silence gardé par la police, la Préfecture et la Mairie de Paris-Centre, à nos demandes de contrôles réitérées, et étayées par des vidéos montrant que ni les distances barrière, ni le port du masque, n'étaient respectés par les clients.
Les nuisances auront donc perduré tout l'été, sonores bien sûr, mais également odorantes tout autour de l'établissement, auxquelles s'ajoute la menace diffuse du risque de propagation du Covid-19 dû à au mépris des règles de salubrité et de sécurité publiques.
C'est donc une chance pour le plaignant, son compagnon et pour tous les riverains exposés aux débordements du WHO's, que l'expert judiciaire chargé de donner son avis sur la réalité des nuisances et de préconiser des solutions, ait rendu un rapport (juste avant le confinement) qui est très clair et très positif pour notre cause.
Oui, les nuisances sont avérées, très fortes, empêchant de trouver le sommeil jusque tard dans la nuit, causées par la musique amplifiée et le comportement des clients, à l'extérieur comme à l'intérieur du local, où il n'y a aucune insonorisation digne de ce nom. Oui, il s'agit bien d'une activité de discothèque, malgré les dénégations de l'exploitant. La vidéo est explicite.
L'expert préconise des travaux de grande ampleur, de type "boite dans la boite" (cela vous rappellera sans doute quelque chose), très au-delà de ceux envisagés dans l'étude d'impact présentée par la SAS Moovment, exploitant du WHO's et, dans le cas de la poursuite de la procédure, il proposera au juge du fond "d’ordonner la cessation de l’activité nocturne dans l’attente de la réalisation de travaux suffisants." Il a bien compris que s'agissant de ces travaux qui nécessitent des autorisations administratives, il risque de ne pas les obtenir, puisque le N-ième permis de construire, demandé en 2013, n'a pas été accordé. "A défaut, énonce l'expert, toute activité festive ou amplifiée est à proscrire."
Suite à la communication de ce rapport d'expertise aux parties, une tentative de solution amiable a été tentée mais sans succès. Une chose est claire : la SAS Moovment refuse de réaliser d'elle-même les travaux prescrits par l'expert, sans doute parce qu'elle sait très bien qu'elle n'obtiendra pas les autorisations administratives requises.
Il faut donc maintenant poursuivre la procédure au fond, avec l'atout d'un rapport d'expertise extrêmement favorable.
Je vous rappelle à cet égard que le requérant a été choisi parce qu'il était le plus exposé aux nuisances du WHO's, et qu'il était par là-même le mieux placé pour obtenir de la justice la meilleure solution possible pour les faire cesser. Mais il n'a absolument pas les ressources suffisantes pour supporter financièrement la procédure. Celle-ci a donc été financée par plusieurs canaux :
- l'association "Vivre le Marais ! Vivre Paris centre !",
- des membres bienfaiteurs, émus par la situation de M. François, qui souhaitent rester anonymes,
- des contributions des membres du Collectif "Pierre au Lard".
La procédure a déjà coûté 26 000 euros (dont 11 000 pour l'expertise). Nous avons collectivement fait face à cette dépense. Me Sanson, notre avocat, estime ses honoraires pour la suite de la prochaine instance à 8 000 € environ. Nos contributeurs habituels sont prêts à suivre si les membres du Collectif continuent à apporter leur concours, l'idéal étant un partage en trois sources à peu près égales.
Pour cela, "Vivre le Marais !" vient de créer un "compte de provision" dédié à la procédure. Vous pouvez envoyer vos contributions par virement (de préférence) à :
ASSOC VIVRE LE MARAIS,
IBAN : FR05 2004 1000 0127 8174 2N02 013
identifiant BIC : PSSTFRPPPAR
ou par chèque à l'ordre de "Vivre le Marais !" 6 rue des Haudriettes - 75003 - Paris
Avec la mention "Procédure WHO's"
En espérant que vos dons seront nombreux pour permettre au droit de l'emporter et aux plus exposés de retrouver un environnement sonore apaisé, nous vous souhaitons une belle fin d'été.
Prenez soin de vous.
Le Collectif Saint-Merri / Pierre au Lard
Postscriptum du 22 août 2020
Le jour-même de la publication de notre article, nous apprenions que le Gibus avait décidé de renoncer à ses spectacles sous-traités au WHO's. Un échange a eu lieu avec la Directrice-adjointe du cabinet du Préfet de police. En voici la teneur :
Madame la Préfète,
Nous avons été informés hier soir de l'arrêt des soirées du Gibus (L'APPART) dans le local du WHO's (voir copie d'écran Le Gibus ci-jointe).
Nous ne pouvons que nous en réjouir. Je serais heureux d'avoir des précisions à ce propos pour autant que vos obligations de réserve ne s'y opposent pas.
GS
Réponse à Vivre le Marais :
"Monsieur le Président,
Nos services (commissariat central et BRP [brigade de répression du proxénétisme - NDLR] qui suit les boîtes de nuit) ont "mis la pression" à l'exploitant en le mettant en demeure de faire respecter les règles dans son établissement, et il a donc préféré jeter l'éponge en arrêtant son activité
FM - Dir. Adj du Cabinet du Préfet".
Nous signalons en réponse au Préfet qu'il serait inopportun, en attendant les suites de l'action en justice, que l'autorisation de nuit soit maintenue à l'établissement visé.