Rue Beautreillis 17. Des aménagements qui font polémique.
L’heure du déconfinement ayant enfin sonné, les terrasses éphémères, à l’abandon depuis un an, reviennent dans l’actualité avec leur lot d’incohérences, d’abus et de tensions entre habitants. La rue Beautreillis à Paris IVe, à l’instar de nombreuses autres rues à Paris présente un bon palmarès des aberrations constatées partout ailleurs.
Tout dernièrement un nouveau commerçant de vente à emporter a profité du week-end de l’Ascension pour tenter de construire en vitesse une cabane entièrement close et couverte sur l’emplacement des deux dernières places de livraison encore disponibles dans la rue.
La réaction immédiate des riverains et le tollé général l’a obligé a démonter prestement ce qui s’apprêtait à être une toiture permanente et à réduire les panneaux clôturant sa terrasse.
Doit-on être surpris que la Ville, souhaitant aider les restaurants à se « refaire », accorde une terrasse à un restaurant qui vient tout juste de se créer et se destine uniquement à la vente à emporter ? Doit-on être surpris de constater que ladite terrasse s’étende au-delà de la vitrine d’origine et occupe aussi l’espace devant la boutique voisine qui elle n’a rien à voir avec la restauration rapide ? Doit-on être surpris d’apprendre que cette fameuse charte de la ville de Paris autorise les commerçants à « donner leur place » de livraison si un restaurant mitoyen leur demande ?
Malheureusement non, on ne doit plus être surpris, il faut faire avec en espérant une solution plus satisfaisante.
Nous riverains ne nous opposons évidemment pas à l’usage partagé de l’espace public et à son occupation « éphémère » par les restaurants qui ont besoin d’être soutenus (et à qui l’on souhaite du succès) mais nous demandons instamment à la mairie de Paris Centre et/ou à la mairie de Paris :
De rétablir les deux places de livraison indispensables au bon fonctionnement des activités professionnelles, de sécurité et à la vie courante des riverains (déménagements, travaux, circulation). Actuellement les deux seules places « Livraison » sont occupées par des terrasses alors que les places de stationnement servent au stockage des tonneaux installés précédemment par ces mêmes commerçants. Il serait logique que les places de stationnement soient attribuées aux terrasses éphémères et que les places de livraison reviennent aux livraisons. Les commerçants devraient choisir entre leurs terrasses éphémères ou leurs jardinières.
De rendre les terrasses éphémères « non fumeurs ». Les habitants situés juste au-dessus ne veulent pas être intoxiqués par les fumeurs attroupés sous leurs fenêtres.
Nous comptons également sur la sincérité et le sens des responsabilités des commerçants signataires de la charte sur les terrasses éphémères qui se sont engagés à :
ni clôturer, ni couvrir leur installation qui doit être facilement et rapidement démontable et esthétique.
respecter l’usage (entre 8h et 22h) et à veiller au respect de la tranquillité et de l’activité du voisinage.
s’interdire tout dispositif de publicité, de chauffage, de climatisation, de brumisateur ou toute autre installation électrique ou mécanique.
ne pas diffuser de musique.
maintenir propres les espaces en extérieur en toutes circonstances et à toutes heures de leur exploitation.
laisser libre sur le trottoir un espace d’au moins 1,60 mètre de largeur pour la circulation des piétons.
Et le plus important, les riverains doivent pouvoir compter sur un appui ferme des pouvoirs publics pour faire respecter au minimum les clauses de cette charte si permissive, rédigée par la mairie. Cela éviterait bien des conflits entre voisins ; discussions houleuses se terminant systématiquement par des noms d’oiseaux, des volées d’injures, des menaces, des intimidations proférées par les commerçants les plus véhéments (ils se reconnaîtront …)
Pour l’heure, le mauvais temps et le couvre-feu limitent l’usage des terrasses et empêchent les débordements, mais les beaux jours arrivent …
Vigilance et mobilisation sont donc indispensables.
On est prêt par solidarité à admettre que les bars-restaurants étendent leur terrasse sur l'espace public le temps d'être enfin autorisés à servir leurs clients en salle à l'intérieur. Rue Montorgueil où ils se livrent depuis longtemps à cet exercice, ils n'y vont pas de main morte : ils occupent TOUT le trottoir et obligent comme on le voit ici les passants à se déplacer sur la chaussée.
Un espace où toutes sortes de véhicules circulent sans discipline en dépit d'une interdiction de principe : voitures, motos, vélos et autres engins. Un vrai danger pour les piétons notamment les plus fragiles.
La rue Montorgueil : une idée d'avant-garde, devenue le modèle à ne pas suivre pour Paris-centre !
Rue des Archives, à hauteur du n° 15, avec des attroupements serrés de part et d'autre de la rue !
Ce 2 juin 2020 où les débitants de boissons devaient faire la preuve qu'ils étaient à la hauteur des concessions qui leur ont été faites par la Maire de Paris pour les aider à surmonter les conséquences de la pandémie, on a assisté aux pires attroupements de mémoire d'habitant dans ce premier tronçon de la rue des Archives. Les mêmes informations nous sont parvenues de la place du Marché Ste Catherine.
Clusters de consommateurs, sans masques évidemment !
En clair, la démonstration est faite avec éloquence, de l'incapacité de la mairie et de sa police à faire régner l'ordre sanitaire. Ils font figure aujourd'hui d'apprentis sorciers débordés par le désordre qu'ils ont créé.
Jeudi 4 juin 2020 : message reçu de la Directrice de cabinet du Préfet de police de Paris
Elle nous informe que le Préfet de police n'est pas concerné par la gestion des terrasses qui est de la responsabilité de la Ville. Cependant, les établissements qui ne respecteraient pas les règles sanitaires en vigueur s'exposent à des décisions de fermeture. Les établissements "signalés" sont surveillés de très près par la police d'arrondissement, toujours prête à intervenir s'il le faut.
Terrasse étendue sur l'espace public (Photo Le Parisien)
On peut lire aujourd'hui 31 mai dans "Le Parisien"une interview de la Maire de Paris Anne Hidalgo par Nicolas Maviel sur les mesures d'aide aux bars-restaurants au titre de la sortie du confinement.
Aucune association de la nébuleuse "Vivre Paris !" à notre connaissance n'a été consultée sur ces mesures. C'est regrettable car nous n'y sommes pas forcément opposés. Nous compatissons avec les bars et les restaurants qui ont baissé le rideau depuis le 17 mars et nous souhaitons que la solidarité avec eux se manifeste. Dans les deux arrondissements du Marais la relation exploitants/riverains a connu des orages mais l'engagement des Maires et de la Police aux côtés des habitants et de leurs associations de défense a eu raison jusque là des conflits.
Ces jours deniers encore, on a vécu place du Marché Ste Catherine une situation intolérable pour les riverains mais le Maire est intervenu pour rendre l'espoir à une population en désarroi. Un seul dossier a résisté et constitue depuis dix ans l'exception à la règle : le WHO's de la rue St Merri/Pierre au Lard dans le IVe. Il approche du terme d'une procédure judiciaire au civil alors même qu'il a cessé de nuire du fait de l'épidémie. Partout ailleurs, au Carreau du Temple, rue de Braque, St Martin ou rue Quincampoix les moyens mis en œuvre ont conduit à l'apaisement.
Il en est autrement pour d'autres secteurs à Paris. Nos amis du XIe dont nous parlons régulièrement, ou ceux du canal St Martin, de la butte Montmartre, des Halles et de la Butte aux Cailles, voient avec méfiance le dispositif annoncé. Nous publions ci-dessous un Manifeste des Riverains du XIe(l'arrondissement où Anne hidalgo a choisi de se représenter). Sa tonalité diffère de la nôtre mais on les comprend quand on est sait l'enfer qui est le leur dans les rues de la soif du secteur Jean-Pierre Timbaud/Oberkampf.
Pour en revenir au Marais, si comme l'annonce Anne Hidalgo les exploitants devront signer une charte d'engagement stipulant que les codes du déconfinement seront appliqués aux consommateurs, les conditions d'accessibilité des piétons seront respectées, les terrasses provisoires fermeront le soir à 22h00, toute musique diffusée à l'extérieur sera interdite ainsi que tout dispositif de brumisation, de chauffage, de climatisation ou publicitaire, l'espace concédé sera maintenu propre de tous déchets notamment des mégots dans un rayon de 25 mètres.... nous pouvons accueillir les mesures de manière prudente, mais favorable. On note qu'elles n'iront pas au-delà de fin septembre 2020 et qu'à cette échéance les espaces devront être remis dans leur état d'origine.
Nous comprenons que l'ordre sera maintenu par les agents de la DPSP (direction de la prévention, de la sécurité et de la protection) de la Ville de Paris. Nous serons très attentifs avec les riverains concernés à la manière dont ces engagements seront respectés et plus encore à la façon dont les agents de la Ville réagiront. Quel sera d’ailleurs le rôle dévolu à la Police Nationale ?
Cet épisode peut laisser dans les mémoires le bon souvenir d'une solidarité réussie ou en cas d'échec d'un engagement de la Maire dévoyé.
Gérard Simonet
Manifeste de l'Association des Riverains du XIe :
Anne Hidalgo offre les clefs de la ville aux bars et restaurants sans la moindre concertation avec les habitants
Sans aucune justification rationnelle, les bars et restaurants avaient déjà obtenu du gouvernement que la distanciation physique soit réduite de moitié en France par rapport à l’Italie, l’Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Japon, etc. : un mètre ici contre deux mètres ailleurs. La norme de 4 mètres carrés par personne est en vigueur chez nos voisins, respectée sans contestation, mais pas chez nous...
Mais cela ne leur suffisait pas : à Paris, les bars et restaurants ont obtenu le jackpot, bien au-delà de leurs espérances. N’importe quel bar ou restaurant va pouvoir s’installer sur le trottoir et geler les places de stationnement devant son établissement. On en connaît le résultat car la pratique s’est déjà développée, en toute illégalité et sans réaction des autorités, dans certains quartiers de Paris (par exemple, rue des Martyrs, la bien nommée).
Berges de la Seine à hauteur de l'Hôtel de Ville. Au fond le Pont Louis-Philippe (Photo VlM - cliquez gauche jusqu'à deux fois dans la photo pour l’agrandir)
C'est demain samedi 30 mai que les parcs et jardins parisiens seront ré-ouverts au public. Jusque là, confinement oblige, seuls étaient accessibles les bois de Vincennes et de Boulogne ainsi que l'esplanade des Invalides. Il s'en est suivi une forte concentration de personnes sur les berges, autorisées elles aussi, comme on peut le constater sur cette photo.
On va voir demain si la fréquentation des berges s'allège. Rien ne le garantit. Tous ceux qui sont déjà venu sur ce site remarquable de Paris-centre, au bord de la Seine, seront tentés de s'y rendre à nouveau. On ne doit pas s'en étonner : c'est le plus beau site urbain du monde avec son enfilade de ponts remarquables à plus d'un titre et les monuments remarquables qui bordent la Seine.
Vidéo filmée par un habitant dans la nuit du 27 au 28 mai 2020
Appel au secours d'un riverain au Maire du IVe,
Monsieur le Maire,
Il est 1h49, la police n'est toujours pas intervenue. Elle ne viendra surement pas ce soir malgré les multiples appels des riverains, malgré les promesses de leurs opérateurs téléphoniques. Il serait de toute façon trop tard pour les habitants, certains ont choisi de s'assommer de somnifères, pour les autres, leur nuit est perdue... Ils se demandent surement pourquoi ils ont choisi de vivre ici et comment ils vont continuer de le faire...
Ils étaient plusieurs dizaines et sont encore une vingtaine à parler fort et hurler sur la place. Les "Joyeux anniversaires" sont terminés depuis une heure maintenant, il ne reste que les cris... Les gestes barrières ne sont pas respectés et les masques quasiment absents, contrairement aux bises et des embrassades.
Il est 2h00, le restaurant "Joséphine" est encore ouvert et va stopper sa vente de boissons alcoolisées. Les consommateurs vont rentrer chez eux, bien fatigués après avoir passé une "sacrée bonne soirée" et vont pouvoir profiter d'une grasse matinée bien méritée. D'autres choisiront de rester sur place jusqu'à 4/5 heurs du matin ! Les discussions se poursuivent de manière animée sur les bancs, avec l'appui d'enceintes mobiles. L’acoustique de la place est telles que tout sommeil est impossible...
Pour nous, les riverains, c'est l'enfer car nous travaillons demain.
"L'avenir de Paris Centre, c'est la qualité de vie de ses habitants"
D'autres joyeux drilles, frais et dispos, reviendront demain passer une "sacrée bonne soirée" et pourrir à nouveau la nôtre. Les marchands de boissons écouleront leur marchandise en se frottant les mains. Ils ont vécu deux mois et demi de vaches maigres, l'argent est à portée de leur main, ils ne vont pas se soucier de nous...
Leurs clients boiront jusqu'à plus soif et iront se soulager impasse de la Poissonnerie ou rue Necker, sur la place même, en fin de soirée. Alors, que ferons-nous quand nous les croiserons ? Il y aura des échanges plus ou moins polis, plus ou moins musclés. Et la violence comblera le vide que la force publique n'a pas su occuper...
"L'avenir de Paris Centre, c'est plus de proximité et de sécurité"
Il est 2h20, la police n'est pas passée, les buveurs continuent à hurler. D'ici un moment, la place devrait progressivement retrouver son calme. C'est la fin d'une journée comme les autres sur la Place du Marché Sainte Catherine.
En ce moment avancé de la nuit, j'en viens à me demander, moi qui ne suis pas un professionnel de la politique, quel est l'avenir de Paris Centre. Difficile question à laquelle je n'ai, bien sûr, pas la réponse. Pourtant, je vois nettement celui que je souhaiterais éviter : celui du départ des résidents, des familles, excédées par l'impossibilité de dormir, inquiètes de ne pas être en sécurité dans un quartier pourtant peu enclin à la délinquance, écœurées de se sentir abandonnées par la puissance publique.
Je souhaite à tous une bonne nuit, en espérant avoir contribué à vous convaincre, par cet infime témoignage, de la réalité de la situation et de l'urgence de l'action.
Ce jour 28 mai 19h00 : le Maire du IVe Ariel Weil répond...
Sa Directrice de cabinet nous demande de publier ce message :
"Que tout le monde se rassure, le message des riverains est bien entendu.
Nous sommes en lien permanent avec les riverains depuis leurs premières alertes et travaillons en étroite collaboration avec le Commissariat de Paris et la Préfecture de Police pour lutter contre ces nuisances inacceptables et ces débordements irresponsables".
Dont acte. Mais nous sommes un peu comme Saint-Thomas, nous voulons voir et toucher du doigt !
L'angle de prise de vue est différent mis il s'agit bien du même local, au 10 rue Ste croix de la Bretonnerie (IVe)
C'était un restaurant apprécié autrefois (photo de droite), dont la propriétaire est malheureusement décédée. L'hôtel qui se trouve au-dessus s'est intéressé au local mais n'a pas réussi à en faire l'acquisition. Il est resté longtemps fermé, jusqu'à ces jour-ci. On dit dans le quartier qu'un genre de "burger-marais" est en train de s'y installer. Ceci explique peut-être ce décor étonnant (photo de gauche) d'un goût discutable, parsemé de petits sandwiches. Un nouvel établissement dont on espère que l'habillage en place est éphémère et que les autorités, Direction de l'urbanisme et Bâtiments de France, veilleront scrupuleusement au respect des dispositions applicables à ce "site patrimonial remarquable".
Réagissant au nombre de voix qui s'élèvent contre le bruit des motos, le Bundesrat allemand (conseil fédéral des länder) réclame "des mesures pour réduire les émissions extrêmement dérangeantes de bruit par les deux-roues motorisés".
Vendredi 15 mai, le Bundesrat a soumis une demande en ce sens au Bundestag. La décision sera soumise au gouvernement fédéral. Rien ne va changer dans l'immédiat mais le rendez-vous est pris et les réactions se manifestent déjà.
Les demandes du Bundesrat portent sur :
la limitation du bruit à 80 décibels dans toutes les conditions d'utilisation (elle est de 90 décibels chez nous à ce jour avec des exceptions jusqu'à 100 décibels. NB : le bruit double en intensité à chaque 3 décibels de plus...)
le dossier doit être porté et défendu au niveau de l'Union Européenne
des campagnes d'information doivent être lancées sur le thème de la conduite silencieuse
le renforcement des sanctions contre les pots d'échappement frelatés avec possibilité de saisie du véhicule sur place
la promotion des deux-roues électriques
l'accroissement du nombre de points de contrôles au bord des voies de circulation
des dispositions diverses aptes à faciliter l'identification et les poursuites des contrevenants
Il s'agit certes de l'Allemagne et on peut imaginer que les motards là-bas feront valoir leurs arguments et montreront les dents comme le fait régulièrement chez nous la FFMC (fédération française des motards en colère) quand on exige d'eux plus de respect de la société et de ses lois. Certains ont réagi en parlant de "chasse aux sorcières...!). Il reste qu'un mouvement est bel et bien lancé, qu'il sera monté au niveau des instances européennes et qu'on ne peut pas éternellement refuser des mesures qui vont dans le sens de la lutte contre le bruit et en faveur de la sécurité.
Le bruit est une nuisance dont souffrent durement les français : 86% d’entre-eux se déclarent gênés par le bruit et le placent en tête des nuisances qu'ils subissent. Au-delà de la gêne, l’excès de bruit a des effets sur la santé. Problèmes auditifs (surdité, acouphènes…) et de santé générale (états dépressifs, pathologies cardiovasculaires…).
La place de la moto à Paris sera l'un des thèmes du deuxième tour des élections municipales chez nous comme ailleurs. Il faut régler la question du bruit mais aussi celle du contrôle technique dont l'application est repoussé aux calendes, et celle du stationnement payant. Pour les deux premiers sujets, un vote au Parlement est nécessaire. Comme en Allemagne !
Au moment où des décisions cruciales vont être prises avec des conséquences potentielles lourdes dans un contexte où les pressions pour rouvrir rapidement et sans précautions sont formulées de façon souvent irresponsable par les médias, des élus clientélistes, des professionnels peu scrupuleux ou des amuseurs publics sans retenue, nous publions en nous y associant un manifeste de nos amis des Xe et du XIe, un secteur qui a beaucoup souffert, adressé à la Maire Anne Hidalgo et à Jean Castex, Délégué Interministériel auprès du Premier Ministre pour administrer le déconfinement sur les lieux publics et lieux recevant du public à Paris
Madame la Maire, Monsieur le Délégué Interministériel,
Les mesures de confinement ont atteint leur but : ralentir la progression de la propagation du virus. Cependant, la menace est toujours réelle, comme le montrent l’apparition de nouveaux foyers en « zones vertes » en France et les exemples de re-confinement observés à l’étranger. Les décisions sur la poursuite de la levée des mesures de restrictions dépendent de contraintes peu conciliables : les incertitudes sur la situation épidémiologique ; les pressions, souvent irresponsables, exercées par les milieux professionnels, les politiques, les médias et l’opinion publique ; l’acceptabilité sociale du calendrier de retour à la normale.
La gestion des lieux publics et des lieux recevant du public présente une difficulté particulière, notamment à Paris, en raison des risques avérés d’activation de chaînes de contamination au sein d’espaces ouverts non régulés et d’espaces clos de dimension restreinte. Dans les deux cas, il est illusoire de penser que les mesures sanitaires pourraient être respectées sans une régulation forte des autorités administratives.
Les associations d’habitants défendant leur qualité de vie dans des quartiers stigmatisés comme « festifs » savent d’expérience que les publics indisciplinés ne sont pas spontanément capables de maintenir des pratiques contraignantes (gestes barrières, distanciation sociale) directement opposées aux conduites recherchées de détente, plaisir et désinhibition. Les comportements collectifs antisociaux sont favorisés par de nombreux facteurs de risques : l’action inadaptée des élus municipaux, la complexité du mille-feuille administratif régissant la capitale, le manque de moyens de la Préfecture de police de Paris face à ses nombreuses missions, l’individualisme de trop nombreux exploitants d’abord préoccupés par leurs intérêts particuliers au détriment de la prise en compte de tout impératif de santé publique.
Dans ce contexte, seule une orientation volontariste des autorités serait à même de réduire les risques considérables de propagation qu’entraînerait l’ouverture précipitée des lieux publics et des lieux recevant du public. Qu’il s’agisse des lieux ouverts ou des lieux fermés, des prescriptions formalisées (et pas de simples recommandations) doivent être fournies pour organiser rigoureusement les interactions du public, pour inciter de façon appropriée celui-ci à respecter les comportements indispensables, pour mettre en œuvre un contrôle préventif de proximité, pour sanctionner les attitudes déviantes incompatibles avec le risque épidémiologique.
Pour ces raisons nous considérons qu'il est urgent que soit défini un cadre de régulation inédit adapté a cette situation inédite. Nous souhaitons être entendus par la Maire de Paris car nous avons des propositions constructives à exposer.
Bancs publics et jardinières rue des Archives (IIIe) étonnamment propres, nouvellement repeints...(Photo VlM)
C'est l'un des thèmes des entretiens que nous avons eus avec les candidats à la mairie de Paris : le sentiment de saleté qui domine à Paris vient pour une large part de l'état du paysage urbain : tags et affichage sauvage, rideaux métalliques des commerces, bancs publics et jardinières, armoires électriques de commande des feux, boitiers de contrôle de l'éclairage public, parcmètres, poteaux indicateurs et plaques de rues, boites aux lettres de La Poste, abribus, panneaux d'affichage (mairie et autres)...
Les services de la Propreté sont attentifs à la chaussée, qui est régulièrement nettoyée, les tags et l'affichage sauvage bénéficient d'un protocole d'intervention - dont nous regrettons l'insuffisance - mais il n'y a pas à notre connaissance de procédure et de rythme établis pour l'entretien des autres objets.
La période du confinement a été apparemment propice à la réflexion et à l'action des services de la mairie de Paris. Les bancs publics sur lesquels on n'osait plus s'assoir de peur de se relever avec les fesses taguées à l'envers ont retrouvé leur lustre. De nombreux boitiers électriques ont été repeints, à l'image du tronçon qui fait face au Musée de la Chasse et de la Nature. Bien avant l'épidémie, Ariel Weil dans le IVe avait fait recouvrir des armoires électriques de peintures représentant des personnages historiques qui ont eu un lien avec le Marais...
On va clairement dans la bonne direction. L'échéance électorale n'y est sans soute pas étrangère mais "qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse !" Il n'est pas exclu d'ailleurs que le pli soit pris et que nous en profitions pour toujours. Il n'est pas interdit de rêver !
Une terrasse comme on en rêve, triée sur le volet pour illustrer les mesures que la Maire de Paris se propose d'apporter aux acteurs de la vie économique parisienne (Photo mairie de Paris)
Une fois encore, Anne Hidalgo s'adresse aux "forces vives" pour faire connaitre son "plan de soutien à la sortie du confinement".
Nous nous faisons un plaisir de le relayer en invitant chacun d'entre nous à en évaluer les conséquences sur le terrain. Elles sont prévisibles. Nous en avons constaté les effets inquiétants dès les premiers jours : Canal St Martin, Berges de la Seine, Butte aux Cailles (XIIIe), Montmartre…
Sont-elles insurmontables ? On peut le craindre mais baisser la garde conduirait à un désastre social et sanitaire. On peut tolérer et comprendre tel ou tel rassemblement "bon enfant". On ne peut pas en accepter les abus. Les associations "Vivre Paris !" soucieuses du respect de l'espace public et de la tranquillité des habitants demandent aux services d'ordre de la mairie (DPSP) et de la Police Nationale de faire en sorte que les règles sanitaires soient respectées et que la limite du raisonnable dans les aménagements provisoires autorisés ne soit en aucun cas dépassée. Un dialogue en ce sens est établi avec Jean Castex, chargé de mission déconfinement auprès du Premier Ministre.
Nous sommes attentifs également aux dépenses annoncées : 200 millions d'€ sans contrepartie de recettes, avec le doute que les recettes courantes souffrent elles-mêmes des conséquences de l'épidémie (arrêt des transactions immobilières notamment et chute des droits de mutation qui rapportent 2 Milliards d'€ normalement à la Ville...). Étonnement de constater qu'on annonce 25 Millions d'€ de plus aux acteurs associatifs et culturels dont le montant des subventions donne déjà le vertige !
Nous ne serions pas étonnés dans ces conditions que le déficit 2020 dépasse les 500 Millions d'€, alors que par la loi les municipalités doivent être à l'équilibre. Va-t-on déclarer ces dépenses en investissements pour échapper à cette contrainte ?
Il n'est pas nécessaire d'être expert en économie pour conclure que la Ville va devoir emprunter encore pour couvrir le différentiel, dans la mesure où la Maire et ses concurrents confirment ne pas vouloir augmenter les impôts.
Une question se pose alors : il y a un consensus des économistes pour dire que l'endettement des États ne déclenchera ni la hausse des taux (d'ailleurs, si hausse il y avait, on la compenserait par un recours supplémentaire à l'emprunt !) ni la dépréciation des monnaies car elle se mesure par rapport à d'autres monnaies et toutes sont logées à la même enseigne. Enfin il n'y aura pas d'inflation car le contexte offre/demande et la hausse de la productivité due aux nouvelles technologies y font obstacle.
Si cette analyse se confirme, tout se passerait comme si l'institution mairie de Paris à l'image de l'Etat disposaient de la planche à billets, qui est en principe le monopole de la BCE (banque centrale européenne). Et si une municipalité y a accès, pourquoi pas les grandes entreprises, puis les moins grandes etc... Je crains qu'on s'achemine en réaction vers une défiance générale à l'égard des monnaies souveraines et un retournement vers d'autres actifs, les actions d'entreprises (certaines d'entre elles) et pourquoi pas les crypto-monnaies comme le bit-coin.
Je me garderai bien d'aller plus loin dans ces prédictions. C'est déjà assez difficile de se poser les bonnes questions. Une chose me parait sure : nous entrons dans un monde nouveau dont il est difficile de dire s'il sera bon ou mauvais et pour qui.