Rue Beautreillis 17. Des aménagements qui font polémique.
L’heure du déconfinement ayant enfin sonné, les terrasses éphémères, à l’abandon depuis un an, reviennent dans l’actualité avec leur lot d’incohérences, d’abus et de tensions entre habitants. La rue Beautreillis à Paris IVe, à l’instar de nombreuses autres rues à Paris présente un bon palmarès des aberrations constatées partout ailleurs.
Tout dernièrement un nouveau commerçant de vente à emporter a profité du week-end de l’Ascension pour tenter de construire en vitesse une cabane entièrement close et couverte sur l’emplacement des deux dernières places de livraison encore disponibles dans la rue.
La réaction immédiate des riverains et le tollé général l’a obligé a démonter prestement ce qui s’apprêtait à être une toiture permanente et à réduire les panneaux clôturant sa terrasse.
Doit-on être surpris que la Ville, souhaitant aider les restaurants à se « refaire », accorde une terrasse à un restaurant qui vient tout juste de se créer et se destine uniquement à la vente à emporter ? Doit-on être surpris de constater que ladite terrasse s’étende au-delà de la vitrine d’origine et occupe aussi l’espace devant la boutique voisine qui elle n’a rien à voir avec la restauration rapide ? Doit-on être surpris d’apprendre que cette fameuse charte de la ville de Paris autorise les commerçants à « donner leur place » de livraison si un restaurant mitoyen leur demande ?
Malheureusement non, on ne doit plus être surpris, il faut faire avec en espérant une solution plus satisfaisante.
Nous riverains ne nous opposons évidemment pas à l’usage partagé de l’espace public et à son occupation « éphémère » par les restaurants qui ont besoin d’être soutenus (et à qui l’on souhaite du succès) mais nous demandons instamment à la mairie de Paris Centre et/ou à la mairie de Paris :
De rétablir les deux places de livraison indispensables au bon fonctionnement des activités professionnelles, de sécurité et à la vie courante des riverains (déménagements, travaux, circulation). Actuellement les deux seules places « Livraison » sont occupées par des terrasses alors que les places de stationnement servent au stockage des tonneaux installés précédemment par ces mêmes commerçants. Il serait logique que les places de stationnement soient attribuées aux terrasses éphémères et que les places de livraison reviennent aux livraisons. Les commerçants devraient choisir entre leurs terrasses éphémères ou leurs jardinières.
De rendre les terrasses éphémères « non fumeurs ». Les habitants situés juste au-dessus ne veulent pas être intoxiqués par les fumeurs attroupés sous leurs fenêtres.
Nous comptons également sur la sincérité et le sens des responsabilités des commerçants signataires de la charte sur les terrasses éphémères qui se sont engagés à :
ni clôturer, ni couvrir leur installation qui doit être facilement et rapidement démontable et esthétique.
respecter l’usage (entre 8h et 22h) et à veiller au respect de la tranquillité et de l’activité du voisinage.
s’interdire tout dispositif de publicité, de chauffage, de climatisation, de brumisateur ou toute autre installation électrique ou mécanique.
ne pas diffuser de musique.
maintenir propres les espaces en extérieur en toutes circonstances et à toutes heures de leur exploitation.
laisser libre sur le trottoir un espace d’au moins 1,60 mètre de largeur pour la circulation des piétons.
Et le plus important, les riverains doivent pouvoir compter sur un appui ferme des pouvoirs publics pour faire respecter au minimum les clauses de cette charte si permissive, rédigée par la mairie. Cela éviterait bien des conflits entre voisins ; discussions houleuses se terminant systématiquement par des noms d’oiseaux, des volées d’injures, des menaces, des intimidations proférées par les commerçants les plus véhéments (ils se reconnaîtront …)
Pour l’heure, le mauvais temps et le couvre-feu limitent l’usage des terrasses et empêchent les débordements, mais les beaux jours arrivent …
Vigilance et mobilisation sont donc indispensables.
Une guinguette à Nogent ? Pas du tout c'est la place du Marché Ste Catherine (IVe) et ses "terrasses COVID" envahies de tables, de chaises et de consommateurs... On est loin du havre de paix propice à la méditation qu'elle a vocation à offrir au cœur du "SPR" (site patrimonial remarquable) du Marais !
La place du Marché Ste Catherine est l'illustration des dérapages nombreux qui suivent la décision généreuse de la Maire de Paris de permettre au bars-restaurants de se refaire une santé, gravement affectée par le confinement, en s'étendant à leur gré sur les espaces publics avoisinants. On dénombre une demi-douzaine d'établissements sur la place. Tous n'ont pas le même comportement de "course à l'aubaine" mais certains se distinguent brillamment dans cette discipline...
Le Président fondateur du comité d’aménagement de la place, Patrick Broders, adresse un nouveau cri d'alarme à Ariel Weil, Maire du nouvel arrondissement Paris-centre en lui rappelant que les mesures décidées par Anne Hidalgo pour aider au redémarrage de l'économie ont leur contrepartie dans une charte de bonne conduite qui ne parait pas respectée dans le cas présent. Voici sa lettre :
Monsieur le Maire,
Cet accaparement de l’espace public est totalement démesuré et hors tout accord avec les autorités sauf à ce que l’on nous le dissimule ! Le brouhaha ambiant est épouvantable dans les appartements et les 300 fenêtres des riverains sont condamnées à rester totalement fermées. C’est un véritable scandale aussi bien sanitaire (au sens large du terme) que écologique : que fait-on vraiment ici pour préserver les (propriétaires) riverains : espèces déjà en voie de disparition !
Et je ne vous parle pas encore de la gestion sanitaire des cuisines et des nuisances engendrées dans les parties communes des immeubles de la place: c’est une véritable catastrophe et le manque de réaction VERITABLE des services publics n’a d’égal que l’outrecuidance des restaurateurs qui se croient ABSOLUMENT TOUT PERMIS !
Peut-on encore espérer quelque chose d’efficace de la part de la Mairie ( en dehors de la préservation des accès des secours qui ne sont eux-mêmes absolument pas respectés ). Permettez-nous de commencer à en douter a la vue de tous ces échanges épistolaires dont les restaurateurs se moquent éperdument !
Entendez ici un cri de désespoir largement partagé par l’ensemble des habitants de la Place du Marché Sainte Catherine et des rues avoisinantes (Jarente en particulier)
Avec tout le respect que nous aimerions continuer à vous devoir, soyez assuré de nos meilleurs sentiments.
Patrick Broders
Président fondateur du comité d’aménagement de la place du marché Sainte Catherine
PS : Je vous remercie de partager cela avec Madame Hidalgo et avec le Préfet de Police
Les élections municipales ont rendu leur verdict : Anne Hidalgo l'emporte face à deux concurrentes qui ont rassemblé moins d'atouts. Il leur a manqué ce caractère impérial, cette assurance, le professionnalisme et l'empathie, qui ont servi la Maire sortante, en dépit d'un bilan qui présentait pourtant des faiblesses.
Ariel Weil, Maire du IVe, arrive en tête. Il apporte à la liste "Paris en commun" sept des huit conseillers de Paris qui contribueront à l'élection d'Anne Hidalgo au fauteuil de Maire de Paris.
Notre association a adressé ses félicitations à Ariel Weil dans ces termes :
Monsieur le Maire, cher Ariel Weil,
Sans attendre que tous les enseignements soient tirés des élections municipales, je vous adresse mes félicitations à vous-même et à Pierre Aidenbaum pour les résultats que vous avez obtenus et qui vont faire de vous un Conseiller de Paris et le Maire de Paris-centre. Un nouvel arrondissement qui concentre de grands pans de l'Histoire, de l'architecture, de la culture et du génie de Paris sans compter son romantisme et la beauté des sites.
Nous avons travaillé à vos côtés sans complaisance, en faisant la part de ce que nous soutenons sans cacher nos oppositions. Nous continuerons à remplir ce rôle. Je rappelle ma conviction qu'une association comme la nôtre n'a aucune légitimité à partager un pouvoir de décision quel qu'il soit (allusion aux "budgets participatifs") mais peut utilement apporter son tribut à un management consultatif des affaires en exposant son point de vue à ceux qui ont été élus et sont à ce titre les uniques décisionnaires.
Nous comptons sur vous pour veiller au respect et à la sauvegarde du patrimoine exceptionnel dont nous sommes dépositaires et à la qualité de vie des habitants de Paris-centre dont on sait bien qu'elle n'est pas partout assurée. Les (quelques) abcès que nous connaissons ont encore besoin de vos soins attentifs et de votre engagement aux côtés des forces de l'ordre.
Un grand bravo encore ! A bientôt le plaisir de vous revoir...
En cette veille d'élections pour la Mairie de Paris, nous acceptons de participer au débat démocratique voire politique pour autant que chacun en ait pour son grade, que les critiques soient ramenées à leur juste dimension et qu'on puisse espérer qu'elles soient porteuses de progrès pour l'avenir. A cet égard, la tribune que Jean-François Bayart nous livre sur Médiaparta la consistance d'un pamphlet à l'encontre de la Maire sortante Anne Hidalgo. Mais il se montre d'emblée beau joueur en admettant qu'elle a toutes les chances d'être portée à nouveau à la magistrature suprême de la Ville et que la bonne nouvelle dans cette perspective est la défaite de ses deux concurrentes !
Le bilan qu'il dresse sur son mandat, avec la candidature aux JO de 2024, les vélos et trottinettes en libre service, l'encouragement du tourisme de masse et de la vie nocturne, ce qu'il qualifie de "subordination au secteur privé", son opportunisme dans le recours au déconfinement pour justifier une politique de "piétonisation" à marche forcée, l'élimination de la voiture et l'abandon de l'espace public aux bars-restaurants pour l'extension de leurs terrasses, sa tolérance constatée à l'égard des commerces qui ne respectent pas la règle commune et le peu de diligence à régler les nuisances des deux-roues motorisés (stationnement, encombrement des trottoirs, bruit, pollution...).
Si elle est élue cependant, ce qui parait acquis chez tous les instituts de sondage, c'est que dans cet inventaire il y a des procès qu'on peut contester ou des sujets sur lesquels l'opinion n'est pas finalement si tranchée. C'est assurément le cas pour la politique des déplacements. On a vu comment l'opinion a évolué et où elle en est à propos des voies sur berges ! S'agissant des terrasses, bien qu'on soit nombreux à s'interroger sur la légalité des mesures qui ont été annoncées, et pour autant que les exploitants n'en profitent pas comme dans le XIe autour d'Oberkampf, sur la place Ste Catherine (IVe), sur les bords du canal St Martin (Xe) et à la Butte aux Cailles (XIIIe) pour installer l'anarchie, on est heureux que les commerces reprennent une activité proche de la normale et évitent le dépôt de bilan.
Nous encourageons nos lecteurs à lire l'analyse du journaliste, directeur de recherches au CNRS, dans un style qui est un hommage à la langue française, mais nous suggérons aussi à Anne Hidalgo de considérer chacun des sujets évoqués, pour lesquels le verre à notre avis n'est pas vide mais juste à moitié plein, de faire en sorte qu'au cours de la nouvelle mandature il soit rempli à ras bord. L'exemple le plus concret est la propreté. Paris n'est pas la ville repoussante que certains décrivent mais il y a clairement des progrès à faire. En doublant le budget comme Anne Hidalgo s'y engage (et pour autant qu'elle fasse des économies ailleurs pour ne pas aggraver le déficit) elle aura les moyens d'améliorer sensiblement un paysage urbain qui a trop souffert.
Agnès Buzyn, candidate à la mairie de Paris (Challenges)
Elle l'a dit ce 23 juin vers 9h00 sur France Info : "Anne Hidalgo a fait de Paris un musée !"
On peut adresser des reproches à la Maire actuelle : la propreté insuffisante de la Ville et le défaut d'entretien du paysage de la rue et du mobilier urbain, la politique du "tout festif" d'une partie de son entourage, la démarche démagogique de son adjoint communiste au logement, les subventions clientélistes aux associations ou la dérive de la dette... Mais comparer Paris à un musée relève de la sottise.
Un musée c'est un lieu qui expose de belles choses et reçoit des visiteurs, dans un cadre dépourvu d'habitants. Il y a de belles, de très belles choses à Paris et les touristes y affluent mais Paris, ville la plus dense d'Europe, héberge en même temps 2,2 Millions d'habitants, qui y vivent et y travaillent ! Agnès Buzyn confond Paris et Pompéi....
Rue des Archives (IVe) : terrasse implantée sur des places de livraisons (Photo VlM)
Extensions de terrasses pratiquées sans discernement, date limite du 30 septembre transformée en autorisation permanente, fête de la musique et autres rassemblements autorisés sans précautions sanitaires (des milliers de fêtards rapportés par Le Parisien et BFM/TV), fermeture de rues au profits des débits de boissons, grogne populaire du côté d'Oberkampf, de la Butte aux Cailles, des Archives, de la place du Marché Ste Catherine...
Anne Hidalgo doit reprendre le contrôle des événements pour que ses décisions en faveur des commerces en péril, plutôt bien comprises a priori, ne finissent pas honnies et ne fassent pas la litière d'une reprise de l'épidémie chez nous.
Fête de la musique 2020 rue Oberkampf (XIe). De l'avis de nombreux observateurs, la fête cette année aurait dû être interdite
Dans le XIe, arrondissement où la Maire se représente, la requête des habitants auprès du Tribunal Administratif a été rejetée (notre article du 9 juin 2020) mais ils reprennent les armes contre tous ces comportements qui vont au-delà du raisonnable et rendent leur vie impossible. Leur conseil Me Aurélie Gillet-Marta, s'appuyant sur une décision récente du Conseil d’État, adresse à la Maire de Paris une lettre de demande en forme de mise en demeure (téléchargeable en cliquant ici).
Elle s'appuie sur le fait que le Tribunal considère dans son rendu du jugement que les commerçants sont tenus par le respect d'une charte de bonne conduite avec la mairie. Le bons sens commande dès lors que la mairie assure la surveillance et les contrôles des obligations qui sont mentionnés dans la charte à laquelle les commerces ont souscrit pour bénéficier des concessions exceptionnelles qui leur sont accordées. De l'avis des habitants, ces conditions sont loin d'être remplies.
Qu'il s'agisse de piétonisation de Paris-centre, de certains axes comme le canal St Martin et de mesures transitoires pour éviter le désastre financier des bars et des restaurants, Anne Hidalgo que les augures désignent comme la prochaine Maire de Paris - ou l'une de ses concurrentes si le scrutin réservait une surprise - doivent agir avec mesure et prudence. La santé des parisiens et leur qualité de vie sont en jeu et une récidive du COVID est à craindre. Le respect de l'espace public et la lutte contre les rassemblements et le bruit doivent rester une priorité.
Hôtel de Beaubrun, 19 rue Michel le Comte (IIIe) défiguré par un bandeau peu explicite
On attribue cette campagne d'affiches qui ne font pas dans la dentelle à un groupe d'activistes qui serait d'anciennes "femen". On en apprend beaucoup sur elles en allant sur le site de "Libération". Le quotidien publiait un article en janvier de cette année pour tenter d'expliquer leur mode de fonctionnement.
On découvre que ce sont des championnes de l'exégèse. La directrice de la rédaction du Huffpost, a été dans l'obligation de retirer un texte signé par 60 personnes, et intitulé : "Sur la question des "trans" : les colleuses contre les féminicides se divisent et toutes les femmes sont menacées". Le texte remettait en cause le fait qu’une femme trans puisse se déclarer femme...
C'est en effet un sujet d'une extrême gravité.... On en découvre un autre aujourd'hui avec ce placard dont on va essayer de déchiffrer l'ésotérisme.
Il s'adresse non pas à l'ensemble de la population mais aux LGBTQIA+. Qui sont ces gens ? On croyait tout couvrir avec LGBT (lesbiennes, gays, bi, trans). Pas tout à fait. Il y a aussi les "Q" comme "queer" qui sont ceux qui s'interrogent, les "I" ou "intersexe" qui ne se reconnaissent ni dans les hommes ni dans les femmes, les "A" qui sont asexués...
Aux Etats-Unis on fait encore mieux avec : LGBTTQQIAAP+. Les connaisseurs y ajoutent le T de transgendre, un autre Q pour questionning, le A de asexuel, un autre pour allies (alliés) et le P de pansexuel. Et pour être sûr d'englober toutes les inclinations possibles et imaginables on ajoute le + qui permet d'englober tout ce qui aurait été oublié. Et pourquoi pas les hétéros ? On s'adresserait ainsi à l'humanité tout entière, sans discrimination aucune cette fois !
En tout état de cause, nous n'en voulons pas à ces personnes qui ont le droit de s'interroger et de s'occuper comme elles le veulent, mais nous les accusons d'enlaidir, de polluer, d'agresser notre cadre de vie et les monuments qui sont l'Histoire du Marais et de Paris. Nous leur faisons une proposition : respectez les, en contre-partie nous vous offrons nos colonnes (1.500 lecteurs/jour) pour y exposer votre plaidoirie en faveur des "putes trans racisées", vos griefs et vos attentes !
Cour d'honneur du musée Carnavalet-Histoire de Paris. Statue de Louis XIV écrasant la Fronde, œuvre du sculpteur français Antoine Coysevox (1640-1720)(Clic gauche dans la photo jusqu'à deux fois pour plus de détails)
La Directrice du musée Valérie Guillaume nous informe : "Les travaux de rénovation du musée Carnavalet ont été interrompus en raison du confinement depuis la mi-mars. Ils reprennent progressivement et un nouveau calendrier sera bientôt communiqué, en fonction de l'évolution de la situation sanitaire et des décisions des pouvoirs publics."
Nous annoncions dans un article du 22 décembre 2019 qui traitait d'une visite du chantier de rénovation en compagnie des Maires des IIIe et IVe, que la réouverture aurait lieu "au printemps 2020" selon les autorités en place.
L'épidémie du coronavirus a bouleversé le programme. L'hypothèse la plus optimiste aujourd'hui pour sa réouverture est janvier/février 2021.
Nous assurons les dirigeants et notamment Valérie Guillaume de notre sympathie et de l'attachement que les habitants de Paris-centre éprouvent pour ce musée consacré à la longue et riche Histoire de Paris.
Attroupement et occupation rue des Archives et square Ste Croix de la Bretonnerie (IVe)
On jurerait à voir cette photo que l'état d'urgence sanitaire et les mesures de distanciation sont une abstraction pour certains.
Il faut savoir qu'on se trouve là de surcroît sur un secteur visé par un arrêté préfectoral qui interdit la consommation de boissons alcooliques sur l'espace public et la vente à emporter. Il fait peu de doutes pourtant que les consommateurs s'y procurent de grandes pintes de bière et qu'ils les consomment sur l'espace public...
La police laisse faire. Comment doit-on comprendre son attitude ?
De façon pragmatique. Tout comme place de la République elle n'a pas réprimé une manifestation non autorisée car les conséquences n'étaient pas maitrisables, elle considère sans doute qu'intervenir pour interdire les attroupements de la rue des Archives par des mesures de fermeture administrative soulèverait une vague de protestations qu'elle n'a simplement pas envie de gérer.
La police ne signifie pas de la sorte que la pratique est permise, ni qu'elle est tolérée, mais simplement qu'elle ne juge pas opportun d'agir.
Objectivement, pour les riverains que nous sommes, la situation est surprenante car on est tenté de croire ingénument que la loi s'applique à tous. Il ne vient par exemple à l'idée de personne qu'on pourrait ne pas payer ses impôts, car la loi nous y contraint. Elle est aussi choquante, car on constate que ces marchands de boissons privent les citoyens du droit inaliénable d'accéder à l'espace public en les obligeant à traverser la rue ou aller sur la chaussée pour se déplacer.
A la décharge de ces exploitants peu respectueux, leur activité s'exerce entre 19h00 et 23h00 seulement, il maitrisent assez bien le bruit et leurs clients ont une attitude généralement amicale à l'égard de ceux qui essayent de se frayer un chemin parmi eux...
Il ne s'agit pas de les excuser mais de dire honnêtement ce qu'il en est...
Une terrasse du XIe sur un espace livraisons. Les citoyens comprennent que la municipalité offre aux bars-restaurants, en contre-partie d'engagements, la possibilité pour survivre de s'étendre provisoirement sur des espaces publics ou réservés mais les habitants n'acceptent pas qu'il en résulte des désordres, du bruit la nuit et de la violence. Le récit et les réflexions que nous publions montrent qu'il est souhaitable qu'on sorte très vite de la situation actuelle pour retrouver des conditions normales de fonctionnement.
Le mardi 2 juin 2020, premier jour de l'étape II du déconfinement, deux nouveaux exploitants d'un bar de l’une des rues du quartier Oberkampf croisent un membre de l'association locale de défense de la qualité et du cadre de vie des habitants. Ils le prennent à partie en lui reprochant de nuire aux bars de la rue. Rejoints par un troisième individu, ils le suivent en hurlant des menaces du genre : "Ça ne vas pas se passer comme ça, tu vas voir ce que tu vas voir, on te prévient, te voilà prévenu..."
Le samedi 6 juin, à minuit, au carrefour de deux autres rues riches en établissements vendant de l’alcool, notre défenseur de la tranquillité et de la santé publiques est approché par un barbu fortement éméché qui lui crie ces propos : "Moi, je sais qui tu es et je te préviens, ça ne va pas se passer comme ça, tu vas voir ce que tu vas voir, tu es prévenu, hic !" L’importun tente de lui barrer la route jusqu'à ce que deux passants interviennent et repoussent l’ivrogne.
Mardi 9 juin, à 20h00, alors que notre victime rentre à son domicile, le gérant d'un bar voisin s'en prend verbalement à lui pour crier à la cantonade :"C'est lui, c'est ce connard de ...., c'est lui qui s'occupe des bars, il croit qu'il peut passer inaperçu, mais il va bientôt faire la une des journaux, oui monsieur, vous allez être en première page des journaux, vous voilà prévenu"
Mercredi 10 juin, en compagnie d'exploitants du quartier, le même barbu renouvelle ses menaces. La séquence a été filmée. On y entend à nouveau cette menace : "Samedi dernier, je t'avais prévenu". Ce même jour, sur un ton exalté, le gérant d'une sandwicherie se plaint des contrôles de police systématiques qui le visent. Il conclut par le désormais traditionnel "Vous êtes prévenu". Il ne s'est pas interrogé sur les raisons des contrôles et sur la façon légère dont il jongle avec les engagements qu’il a signés dans le formulaire de la charte de la mairie !
Si un homme averti en vaut deux, après cinq invectives de ce genre à son endroit, c'est un surhomme qui défend désormais la tranquillité des habitants du secteur !
Rentrant chez lui un peu plus tard, il rencontre des exploitants qui participent à un attroupement bruyant dans la rue. Ils le poursuivent dans l’espace public, accompagnés de plusieurs individus. Étant à nouveau la cible de propos violents, il sort son smartphone pour filmer la séquence. Ces individus au comportement peu sympathique s'approchent alors de lui en vociférant et l'un d'eux porte un coup violent sur son téléphone, projeté dans le caniveau d'où il le récupère hors d'état de fonctionner.
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Mais que se passe-t-il dans cet arrondissement populaire de Paris, où se présentent aux prochaines élections municipales la Maire sortante Anne Hidalgo aux côtés du chef de file des écologistes parisiens David Belliard ?
Vilnius s’est récemment rendue célèbre en se transformant en une grande rue bordée de quelques bars de plein air. Si le modèle fonctionne à peu près dans la capitale de la Lituanie, c’est que la densité de la population y est de 1432 habitants/ km². En revanche, transposer cette idée pour les 1500 bars présents dans les 3,7 / km² du minuscule 11e arrondissement de Paris, c’était s’exposer à une catastrophe prévisible. Avec une densité de 40.000 habitants/km², les conflits d’usage étaient assurés.
Les terrasses autorisées avant le Covid étaient très peu nombreuses, car l’espace manque et les demandes n’étaient pas souvent accordées, ni par la Mairie du XIe ni par la Préfecture de police de Paris. Or, comme il fallait s’y attendre, le nombre des terrasses sauvages a explosé partout dans l’arrondissement avec la dérégulation offerte par la Maire de Paris sans le moindre échange avec les habitants.
Ces derniers se sont immédiatement retrouvés dans un cauchemar terrifiant. Les terrasses jetées n’importe comment sur les trottoirs et sur la chaussée génèrent des nuisances sonores insupportables. Les bars ont confisqué l’espace public et les places de stationnement dont ont cruellement besoin les automobilistes résidents ou visiteurs, tous furieux car incapables d’utiliser les emplacements autrefois disponibles. A Paris, tout le monde ne fait pas la fête en permanence. Ceux qui viennent travailler dans l’arrondissement, ceux qui y vivent, tous se sont heurtés au chaos organisé par la Ville.
La « charte des engagements », comme toutes les chartes, n’a pas servi à grand-chose. Les vrais professionnels n’en ont pas besoin pour savoir comment bien se comporter. Les « petits indépendants » qui « gèrent » l’immense majorité des bars locaux ne prennent pas au sérieux des engagements qu’ils considèrent comme largement fictifs. Il n’est que de voir comment est résolue la problématique de la « distanciation sociale » dans les nouvelles terrasses sauvages… bonjour, les clusters…
L’image de la profession est écornée par ces comportements peu rigoureux… On se demande du reste pourquoi les syndicats professionnels (UMIH, SNEG, SYNHORCAT,) ne s’investissent pas davantage pour redresser une situation rapidement devenue déplorable, et pas seulement dans le XIe.
Dans cet arrondissement, cependant, l’association locale représentant les habitants a saisi le Tribunal administratif (voir l’article précédent). Suite à la décision du tribunal, les contrôles, auparavant inexistants, sont devenus à la fois plus réguliers et plus efficaces. Si quelques exploitants professionnels se réjouissent de cette présence qui rassure leur clientèle, plus nombreux sont les gérants qui s’en indignent… Désormais, obligés par la police à remiser leurs installations devenues réellement éphémères, ils cessent leur activité à 22h00, comme le prévoit la charte de la mairie.
Sidération : il faudrait que les exploitants respectent les « engagements » de la charte de la Mairie de Paris ? Voilà qui est bien désagréable et « ça ne va pas se passer comme ça ! ».
Vidéo filmée par un habitant dans la nuit du 27 au 28 mai 2020
Appel au secours d'un riverain au Maire du IVe,
Monsieur le Maire,
Il est 1h49, la police n'est toujours pas intervenue. Elle ne viendra surement pas ce soir malgré les multiples appels des riverains, malgré les promesses de leurs opérateurs téléphoniques. Il serait de toute façon trop tard pour les habitants, certains ont choisi de s'assommer de somnifères, pour les autres, leur nuit est perdue... Ils se demandent surement pourquoi ils ont choisi de vivre ici et comment ils vont continuer de le faire...
Ils étaient plusieurs dizaines et sont encore une vingtaine à parler fort et hurler sur la place. Les "Joyeux anniversaires" sont terminés depuis une heure maintenant, il ne reste que les cris... Les gestes barrières ne sont pas respectés et les masques quasiment absents, contrairement aux bises et des embrassades.
Il est 2h00, le restaurant "Joséphine" est encore ouvert et va stopper sa vente de boissons alcoolisées. Les consommateurs vont rentrer chez eux, bien fatigués après avoir passé une "sacrée bonne soirée" et vont pouvoir profiter d'une grasse matinée bien méritée. D'autres choisiront de rester sur place jusqu'à 4/5 heurs du matin ! Les discussions se poursuivent de manière animée sur les bancs, avec l'appui d'enceintes mobiles. L’acoustique de la place est telles que tout sommeil est impossible...
Pour nous, les riverains, c'est l'enfer car nous travaillons demain.
"L'avenir de Paris Centre, c'est la qualité de vie de ses habitants"
D'autres joyeux drilles, frais et dispos, reviendront demain passer une "sacrée bonne soirée" et pourrir à nouveau la nôtre. Les marchands de boissons écouleront leur marchandise en se frottant les mains. Ils ont vécu deux mois et demi de vaches maigres, l'argent est à portée de leur main, ils ne vont pas se soucier de nous...
Leurs clients boiront jusqu'à plus soif et iront se soulager impasse de la Poissonnerie ou rue Necker, sur la place même, en fin de soirée. Alors, que ferons-nous quand nous les croiserons ? Il y aura des échanges plus ou moins polis, plus ou moins musclés. Et la violence comblera le vide que la force publique n'a pas su occuper...
"L'avenir de Paris Centre, c'est plus de proximité et de sécurité"
Il est 2h20, la police n'est pas passée, les buveurs continuent à hurler. D'ici un moment, la place devrait progressivement retrouver son calme. C'est la fin d'une journée comme les autres sur la Place du Marché Sainte Catherine.
En ce moment avancé de la nuit, j'en viens à me demander, moi qui ne suis pas un professionnel de la politique, quel est l'avenir de Paris Centre. Difficile question à laquelle je n'ai, bien sûr, pas la réponse. Pourtant, je vois nettement celui que je souhaiterais éviter : celui du départ des résidents, des familles, excédées par l'impossibilité de dormir, inquiètes de ne pas être en sécurité dans un quartier pourtant peu enclin à la délinquance, écœurées de se sentir abandonnées par la puissance publique.
Je souhaite à tous une bonne nuit, en espérant avoir contribué à vous convaincre, par cet infime témoignage, de la réalité de la situation et de l'urgence de l'action.
Ce jour 28 mai 19h00 : le Maire du IVe Ariel Weil répond...
Sa Directrice de cabinet nous demande de publier ce message :
"Que tout le monde se rassure, le message des riverains est bien entendu.
Nous sommes en lien permanent avec les riverains depuis leurs premières alertes et travaillons en étroite collaboration avec le Commissariat de Paris et la Préfecture de Police pour lutter contre ces nuisances inacceptables et ces débordements irresponsables".
Dont acte. Mais nous sommes un peu comme Saint-Thomas, nous voulons voir et toucher du doigt !