L'Hôtel de Mayenne, 21 rue St Antoine (IVe), classé monument historique en 1974, avant (en haut) et après (en bas) travaux de restauration (Photos VlM, clic gauche pour agrandir))
Quand on voit le résultat de cette transformation et de quelle manière la restauration a rendu à ce monument son élégance originelle, on n'imagine pas qu'il y ait eu à ce propos une bataille digne d'Hernani... Et pourtant !
La restauration de cet Hôtel, ainsi que l'Hôtel de Sully, au 62 de la même rue, dont il est le frère jumeau, figurait dans le PSMV dès 1964 (lancement du plan de sauvegarde et de mise en valeur du Marais). Il s'agissait principalement de supprimer l'ajout central (d'aucuns disaient "la verrue") ajoutée à la fin du XIXème siècle.
Le dossier fut déposé en 2008 par son occupant, l’École des Francs-Bourgeois, soutenu par l'Architecte des Bâtiments de France et le ministère de la Culture. Le Maire de Paris, Bertrand Delanoë avait donné du bout des lèvres un "accord tacite", alors que la Maire du IVe Dominique Bertinotti y était clairement opposée. Elle reçut un soutien inattendu de la Commission du Vieux Paris qui fit valoir que l'ajout était l’œuvre d'un architecte de renom et qu'il convenait de la respecter par référence à la charte de Venise (*).
A cette époque, le Ministère de la Culture et ses ABF disposaient de pouvoirs plus affirmés qu'aujourd'hui. Son Directeur Jean-Marc Blanchecotte maintint sa position en faisant justement remarquer que l'ajout n'était pas caractéristique de l'architecture du XIXème siècle mais plutôt un pastiche du style Louis XIII de l'édifice principal. Il donna également l'assurance que ses services disposaient de documents descriptifs de la partie recouverte et qu'il serait aisé de retrouver la trace du décor original en le dégageant de son habillage indésirable.
Nos lecteurs ne seront pas étonnés d'apprendre que nous avons nous aussi milité pour que la restauration ait lieu. Les travaux ont duré deux ans de 2010 à 2012. Le résultat est là pour nous récompenser de notre engagement.
GS
(*) La "charte de Venise" (1964), qui a fait suite à celle d'Athènes (1931), étend la notion de monument historique au "site urbain ou rural qui porte témoignage d’une civilisation particulière, d’une évolution significative ou d’un évènement historique". A ce titre l'ajout aurait pu apparaitre comme un ouvrage à part entière avec son style propre et sa valeur patrimoniale.